Lors du conseil métropolitain du 22 octobre dernier, les élu-e-s de notre groupe ont voté contre l'acquisition de 16 606m² de terrains sur le site de l'ancien hôpital Madeleine pour un montant de 10 320 000€ hors TVA et frais d'acte notarié.
Après l'abandon du chimérique téléphérique des Aubrais et l'explosion du coût de CO'Met, le projet de déménagement de la Faculté de Droit en centre-ville sera t-il victime des difficultés budgétaires actuelles de la Métropole et de la baisse des recettes fiscales à venir du fait de la crise sanitaire ?
En matière de recherche publique et d'enseignement supérieur, la priorité ne devrait-elle pas plutôt être donnée au financement de la création d'une 1ère année de Médecine à Orléans ?
La façade du bâtiment administratif de l'UFR de Droit, Économie et Gestion sur le campus universitaire de La Source (photo : Continuons avec Vous pour Saran).
Voici l'intégralité de l'intervention de Bruno Lacroix, conseiller métropolitain et Maire-adjoint de Fleury-les -Aubrais, co-rédigée avec les 4 élu-e-s de notre groupe.
"Le 18 octobre 2019, un accord-cadre était signé entre l’Etat, l’Université d’Orléans, la Région Centre-Val de Loire, le Département du Loiret et Orléans Métropole pour créer une antenne universitaire sur le site de l’ancien hôpital Madeleine.
Et ce soir, il nous est donc proposé d’approuver l’achat à la SEMDO des terrains concernés pour un peu plus de 10 millions d’Euros Hors Taxes, afin d’y transférer l’UFR de Droit, Economie, Gestion, aujourd’hui implantée sur le campus de La Source, pour y créer -je cite- « un autre établissement d’enseignement supérieur, type école d’ingénieurs » dont on peut douter du caractère public et enfin, pour y creuser un parking souterrain, dont on peut être certain qu’il sera, lui, concédé au privé.
Or, depuis octobre 2019 et la signature de cet accord-cadre, deux évènements majeurs ont totalement modifié les conditions sur lesquelles reposaient ce projet immobilier d’envergure.
D’une part, les grandes ambitions et l’obsession du rayonnement alors affichées par Orléans Métropole se sont depuis heurtées aux réalités budgétaires et ont contraint notre collectivité à abandonner le projet de téléphérique aux Aubrais et à examiner avec un petit peu plus de circonspection le coût réel d’autres, comme par exemple, CO’Met.
D’autre part, la crise sanitaire et la pandémie toujours en cours et dont nous sentons venir une seconde vague ont provoqué une profonde récession économique, dont nous savons déjà qu’elle affectera négativement et pour plusieurs années les recettes de notre collectivité.
Face à ces réalités financières, le risque est donc grand qu’après cette lourde acquisition foncière, les enveloppes initialement promises par les différents partenaires ne puissent être honorées et que cette implantation universitaire de prestige ne se transforme en piège pour la faculté de droit, économie, gestion.
Rappelons que ce projet n’a pas fait l’unanimité au sein du conseil d’administration de l’université, qu’il prévoit moins de surfaces que n’en dispose aujourd’hui cette UFR sur le campus de La Source et qu’il suppose de lourds investissements, notamment pour l’équipement du futur Learning Center, dont on peut se demander comment une université en grande difficulté budgétaire pourra y faire face sans déséquilibrer durablement l’ensemble de son fonctionnement.
Par ailleurs, ce démembrement du campus de La Source interroge : si l’intérêt est évident pour Orléans qui souhaite utiliser cette façade universitaire pour remodeler et gentrifier le quartier des Carmes, l’intérêt de la Métropole et de l’université à s’embarquer dans cette onéreuse aventure est plus douteux.
Disons-le franchement, ce projet Madeleine est surtout un projet immobilier et très peu un projet universitaire.
Or, pour nous, si investissement massif de la Métropole en faveur de l’enseignement supérieur il doit y avoir, celui-ci devrait concerner prioritairement l’ouverture d’une première année de médecine à Orléans, première étape nécessaire pour obtenir la transformation du CHRO en CHU.
Nous souffrons aujourd’hui d’être la seule Métropole de France et la seule capitale régionale à ne pas disposer d’un Centre Hospitalier Universitaire. Bien sûr, la transformation de l’actuel CHRO en CHU ne résorbera pas à elle seule la désertification médicale de notre département. Mais, sans CHU et donc, sans faculté de médecine, la pénurie de médecins généralistes dans notre département ne pourra être enrayée. Avoir un cursus complet en médecine favoriserait la sédentarisation des jeunes diplômés, éviterait le départ de nombreux bacheliers pour Tours ou Paris et développerait la recherche publique médicale dans notre agglomération.
A l’heure où nous réalisons durement ce que peut coûter un sous-investissement chronique dans la médecine et l’hôpital public, il ne peut être question de se disperser en matière de soutien à l’enseignement supérieur comme à la recherche et il est impératif de privilégier un projet utile à l’ensemble de notre territoire et à tous ses habitants.
C’est pourquoi nous voterons contre cette incompréhensible acquisition pour un peu plus de 10 millions d’Euros."
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